Le 15 septembre 2023, l’Union Européenne a publié un nouveau règlement visant à réduire drastiquement les taux de certains pesticides utilisés dans la culture du houblon. Cette mesure, qui concerne principalement les houblons américains, soulève de nombreuses questions au sein de la filière brassicole française.
Les deux matières actives visées par ce règlement sont l’étoxazole et le bifénazate, des acaricides utilisés pour protéger les plants de houblon. Si ces pesticides sont déjà interdits dans l’hexagone, ils restent couramment employés dans les houblonnières américaines.
Le nouveau règlement impose de passer d’un taux de 15 ppm (parties par million) à seulement 0,05 ppm pour l’étoxazole, et de 20 ppm à 0,05 ppm pour le bifénazate. En pratique, cela revient quasiment à bannir l’usage de ces substances.
L’entrée en vigueur de cette réglementation est prévue dès le 8 avril 2024 pour l’étoxazole et fin septembre 2024 pour le bifénazate, laissant peu de temps aux producteurs et revendeurs pour s’adapter.
Les houblons récoltés en 2022 et 2023, potentiellement traités avec ces pesticides, ne seront plus commercialisables passé ces dates. Cela représente un manque à gagner estimé à plusieurs centaines de millions d’euros pour la filière.
L’International Hop Growers Convention, qui fédère les associations de producteurs et négociants du monde entier, a demandé un délai ainsi qu’une révision de ce règlement. Mais une telle procédure prend généralement du temps (2 ans ?)…
Si la présence de résidus de pesticides dans la bière finie semble minime et ne constitue pas un risque sanitaire avéré, la question éthique se pose pour les brasseurs. Faut-il assumer l’usage de ces houblons ou revoir ses recettes ?
Dorothée Van Agt
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De nombreuses brasseries hexagonales, y compris des acteurs importants du secteur, utilisent des houblons américains pour élaborer leurs bières. Elles se retrouvent face à un dilemme :
Si la présence de résidus de pesticides dans la bière finie semble minime et ne constitue pas un risque sanitaire avéré, la question éthique se pose pour les brasseurs. Faut-il assumer l’usage de ces houblons ou revoir ses recettes ?
Cette réglementation, qui épargne les houblons français, pourrait être l’occasion de remettre en avant cette filière. La France produit des houblons de qualité, actuellement en surstock par rapport à la demande.
Cette réglementation, qui épargne les houblons français, pourrait être l’occasion de remettre en avant cette filière. La France produit des houblons de qualité, actuellement en surstock par rapport à la demande. Miser sur le local permettrait de soutenir nos agriculteurs, de réduire l’empreinte carbone liée au transport, et de répondre à une attente forte des consommateurs. Ces derniers plébiscitent les produits de proximité, quitte à les préférer au bio.
Certains arguent que les houblons hexagonaux seraient moins aromatiques que leurs homologues américains. Mais des pistes existent pour contourner cet écueil comme jouer sur les enzymes ou les esters de fermentation. Bref, cette nouvelle donne réglementaire est l’occasion pour les brasseries françaises de réfléchir à leurs approvisionnements et à leurs recettes. Et si la contrainte devenait une opportunité d’innovation et de montée en gamme ?
En conclusion, ce règlement européen sur les pesticides dans le houblon bouscule la filière brassicole française. S’il pose des difficultés à court terme, il pourrait aussi être un électrochoc salutaire pour valoriser les productions locales et repenser les modes d’élaboration. L’avenir de la bière française est en jeu.
La réglementation cible principalement deux acaricides : l’étoxazole et le bifénazate. Ces substances, utilisées pour protéger les plants de houblon contre les parasites, sont déjà interdites en France mais restent courantes dans les houblonnières américaines. Le nouveau règlement vise à réduire drastiquement leurs taux, passant par exemple de 15 ppm à 0,05 ppm pour l’étoxazole.
De nombreuses brasseries hexagonales, y compris des acteurs majeurs, emploient des houblons américains potentiellement traités avec ces pesticides pour élaborer leurs bières. Elles doivent choisir entre utiliser leurs stocks non-conformes, au risque de contrôles et sanctions, ou les détruire, ce qui engendre une perte financière importante. C’est un vrai dilemme économique et éthique pour les brasseurs.
Oui, car le houblon français n’est pas concerné par ces restrictions, les pesticides incriminés étant déjà bannis dans l’hexagone. C’est l’occasion de valoriser cette production locale de qualité, actuellement en surstock. Miser sur le houblon français permettrait de soutenir nos agriculteurs, de réduire l’impact environnemental lié au transport, et de répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits de proximité.
Certains professionnels estiment en effet que les variétés de houblon cultivées en France offrent une palette aromatique moins riche que leurs équivalents américains. Mais des solutions existent pour contourner cet écueil. Les brasseurs peuvent jouer sur les enzymes et les esters de fermentation pour développer des profils de saveurs originaux. L’utilisation d’autres céréales, comme le seigle, est aussi une piste à explorer.
Comme souvent, la contrainte peut devenir source d’opportunités et de créativité. Si ce règlement européen sur les pesticides dans le houblon bouscule les habitudes et pose des difficultés à court terme, il constitue aussi un électrochoc salutaire. C’est le moment de repenser les approvisionnements, les recettes et les modes d’élaboration pour valoriser les productions locales et imaginer la bière française de demain. Les défis d’aujourd’hui façonneront les succès de demain !
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